
À travers un texte vibrant publié sur LinkedIn, Guillaume Perrin-Garnier rendait récemment hommage aux femmes qui bâtissent Paris. Son message, à la fois sobre et inspiré, a profondément touché la communauté de l’immobilier et de l’architecture.
Loin de tout militantisme, il y exprime une conviction simple : la ville se transforme quand les regards se diversifient, quand la conception urbaine s’ouvre à d’autres sensibilités, d’autres manières de penser le lien entre les habitants et les lieux.
Professionnel de l’immobilier depuis 23 ans, engagé et observateur attentif des mutations urbaines, Guillaume nous livre ici un éclairage rare sur ce mouvement de fond : celui d’une architecture plus humaine, plus équilibrée, et plus consciente des usages.
Dans cet entretien, il revient sur l’intention de son texte, sur la place croissante des femmes dans la fabrique de la ville, et sur cette “beauté nouvelle” qui redessine peu à peu le visage de Paris.
Quelle était votre intention en écrivant ce texte sur “Les femmes bâtissent Paris” ?
Était-ce une impulsion personnelle, un constat professionnel, ou un message adressé au secteur immobilier dans son ensemble ?
Je voulais simplement saluer une évolution que je constate depuis plusieurs années. Les femmes prennent pleinement leur place dans la transformation urbaine, et cela change notre manière de concevoir la ville.
Ce n’est pas un message militant, c’est un constat professionnel.
Leur approche apporte souvent un autre regard sur les usages, sur le lien entre les habitants et les lieux. Ce texte est né de cette observation, et de l’envie de dire que cette diversité de points de vue rend la ville plus juste, plus équilibrée.
Vous évoquez une ville “plus humaine, plus douce sans être faible”. Qu’est-ce que cela signifie concrètement dans la conception urbaine et architecturale ?
Comment cette sensibilité féminine change-t-elle la manière de penser les espaces de vie ?
C’est une ville pensée pour la vie quotidienne.
Une architecture qui ne se contente pas d’être spectaculaire, mais qui se met au service du bien-être collectif.
Quand je parle de douceur, je pense à une attention portée à la lumière, aux circulations, aux usages partagés.
Ce n’est pas une question de genre, mais de sensibilité au réel.
Beaucoup de femmes architectes incarnent cette approche plus pragmatique, plus centrée sur l’expérience de ceux qui habitent la ville.
Le monde de l’immobilier reste encore majoritairement masculin. Comment, selon vous, favoriser la visibilité et la reconnaissance des femmes architectes et dirigeantes ?
Quels leviers (formation, communication, partenariats…) peuvent accélérer cette transformation ?
D’abord en leur donnant de la visibilité. Les talents existent, il faut juste mieux les faire connaître.
Ensuite, en créant des environnements de travail où chacun peut s’exprimer sans devoir jouer un rôle.
Je crois que le vrai changement viendra de la culture des entreprises. Valoriser les compétences, la créativité et la responsabilité, indépendamment du genre.
Les initiatives autour de la formation, du mentorat ou des partenariats écoles-entreprises vont dans le bon sens, mais l’essentiel, c’est la cohérence au quotidien.
Vous citez Odile Decq, Manuelle Gautrand, Dominique Jakob ou Brigitte Métra… Quelle femme incarne le mieux pour vous cette “nouvelle architecture du lien” ?
Et pourquoi son approche vous inspire-t-elle particulièrement ?
Odile Decq, pour sa liberté.
Elle a réussi à imposer une vision forte sans renoncer à son identité.
Son travail est à la fois audacieux et cohérent, et c’est ce qui me parle le plus.
Elle démontre qu’on peut être exigeant, novateur, et fidèle à soi-même dans un secteur souvent codifié.
Au fond, elle incarne une posture que tout architecte, homme ou femme, peut revendiquer. Celle d’un regard indépendant.
Enfin, si Paris devait continuer à se réinventer sous l’impulsion des femmes, quel projet symboliserait selon vous cette “beauté nouvelle” dont vous parlez ?
Une place, un bâtiment, un quartier… ou peut-être un concept architectural encore à venir ?
Plutôt qu’un bâtiment, je citerais un état d’esprit.
Paris change à chaque fois qu’on redonne de la place à la mixité des idées et à la transversalité entre les disciplines.
Les femmes y contribuent largement, par une approche plus collaborative, plus ouverte.
Si je devais imaginer un lieu, ce serait un espace de création partagée, une plateforme où urbanistes, architectes, designers et habitants construisent ensemble.
Ce serait le vrai visage de la ville de demain, une ville qui se fait à plusieurs voix.
Lien linkedin : https://www.linkedin.com/in/guillaume-perrin-garnier/




